Le mystère joyeux de la sacralité de la Vie
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Mystère Joyeux ! Jean-Baptiste encore dans le sein de sa mère tressaille à l’approche du Seigneur qui se trouve dans le ventre de sa mère, Marie. La Bible n’est nullement équivoque : pas encore né, les deux enfants n’en sont pas moins conscients et vivants. N’est-ce pas là une belle méditation sur la condition d’être vivant des fœtus ? Le débat sur l’avortement est-il réellement posé dans les bons termes ?
N’a-t-on pas l’impression dans le camp « pro-avortement », que les « pro-life » ont une position de principe rigide et non fondée, qu’il y a la volonté de régenter la liberté de la femme, de lui dicter sa place dans la société et donc de mettre en place des schémas de domination masculine ? Pire, que la détresse existentielle ou financière de la femme vivant une grossesse non désirée est ignorée, voire méprisée ?
N’a-t-on pas la sensation de l’autre côté, que les « pro-choice » ont une position volontairement mortifère et égocentrique, qu’il y a là le choix d’une société inconséquente qui place les caprices de l’individu avant la sacralité de la vie ?
Mystère Joyeux ! Peut-être qu’au lieu de fonctionner par incompréhensions, clichés, stéréotypes et rejet mutuel, faudrait-il s’écouter ? Peut-être faudrait-il recentrer le dialogue sur l’embryon et son statut ontologique ? Car enfin, là est toute la question : cet embryon est-il un « qui » ou un « quoi » ?
Car s’il est un « qui », il est une personne. De simple chose inanimée, adjonction organique non vivante au corps de la mère, il doit devenir dans l’imaginaire ce qu’il est réellement : un être pleinement vivant. Non la Vie ou l’âme n’entre pas en lui au moment de la première inspiration comme on le dit dans certains milieux gnostiques, pas plus que la Vie n’attend pas la 3.558.789e connexion neuronale pour se manifester. La Vie est présente dès le départ, dès la fécondation et c’est là un véritable mystère, une nouvelle numineuse qui devrait nous emplir d’une joie impérissable.
Mystère Joyeux ! En choisissant une jeune fille pour venir sur Terre, en faisant tout le chemin gestationnel pour s’incarner, Dieu fait un honneur immense à l’Humanité passée, présente et future. En grandissant dans le sein d’une humaine, Il bénit toute l’humanité dans son ensemble. Pas de vie humaine qui ne soit sacrée, pas d’existence qui soit inutile. Du prix Nobel au dernier des illettrés, du champion athlétique au dernier des handicapés, du saint au dernier des pêcheurs : pas de vie qui vaille plus qu’une autre aux yeux du Créateur, pas une vie qui n’ait pas une dignité infinie, pas une vie qui ne soit pas potentiellement un être transfiguré, enfant immortel de Dieu.
Mystère Joyeux ! Il y a quelque chose d’ineffable en chacun. Conscientiser cela, c’est dissiper la plus grande menace qui plane sur le genre humain : la chosification de l’être. Car l’antithèse de la Vie n’est pas la mort, qui n’est qu’un état transitoire avant la résurrection, mais la considération utilitariste de l’individu. L’incarnation du Christ via un fœtus, célèbre chaque vie comme un espoir, chaque vie comme la naissance d’une liberté, chaque vie comme la plus belle des fleurs cosmiques.
Méfions-nous des discours faciles prompts à déconsidérer l’Homme, par exemple : « Regardez, nous sommes une espèce parasite, nous ne méritons pas l’existence » ou encore « L’Homme est mauvais, regardez les horreurs accomplies depuis les débuts de l’Histoire, sans doute aurait-il fallu que l’Homme ne voie pas le jour. »
Méfions-nous des discours faciles prompts à ne voir que les aspects utilitaristes ou gestionnaires de l’Humanité : « Nous n’allons pas avoir assez de nourriture ou de place, il faut limiter les naissances, empêcher l’Homme de proliférer, … ».
Rejetons les discours qui consistent en un eugénisme non dit. Les discours qui finiront par nous faire traiter les humains comme les animaux : « la trajectoire flagrante des eugénistes, c’est d’agir envers les bébés comme ils agissent envers les chatons. Laissons naître tous les bébés et ensuite noyons ceux qui ne nous plaisent pas » disait Chesterton, et de continuer, très dur : « mon mépris déborde en mauvaise conduite lorsque j’entends la suggestion banale qu’une naissance soit évitée parce que les gens veulent être « libres » d’aller au cinéma. Ce qui me donne envie de piétiner de telles gens comme des paillassons c’est qu’ils emploient le mot libre. Par chaque acte de cette catégorie ils s’enchaînent au système le plus servile et mécanique jamais tolérée par les hommes (…) Car l’enfant est le signe même et le sacrement de la liberté personnelle. Il est un libre arbitre tout neuf ajouté aux volontés du monde. Il est quelque chose que ses parents ont choisi librement de mettre au monde et qu’ils s’accordent librement de protéger. Ils peuvent éprouver que tout amusement qu’il procure (souvent considérable) vient sans l’intervention d’aucun seigneur ni maître. Il est une création et une contribution, il est leur propre contribution créative à la création. »
Gardons à l’esprit le mystère qu’est la vie, source première d’émerveillement et de joie et méfions-nous des paroles doucereuses et méphitiques qui brouillent notre vision des choses.