Le cloître intérieur avec Louis et Zélie
De Guillaume d'Alançon
Combien de jeunes sont-ils laissés à eux-mêmes durant leurs études ? Loin de leurs parents et de leur base, ils sont comme un arbre transplanté des rives verdoyantes d’un gave vers un désert aux nombreux mirages. Ils ont l’impression de contrôler la situation mais, faute de racines bien profondes, ils se dessèchent et confondent l’air du Ciel avec les fumées de Satan. Que de paradis artificiels aujourd’hui : la drogue, le sexe, l’alcool, les mondanités, la
séduction… Pour que le feuillage des âmes reste toujours vert, il suffit de s’accrocher aux sacrements, à la Parole de Dieu, au service des pauvres, à un directeur spirituel, à la prière silencieuse… et aux bons amis qui nous aident à avancer.
Ecoutons sainte Zélie Martin, éducatrice remarquable, qui écrit à son petit frère : « Je suis (…) dans une grande inquiétude à ton sujet. Mon mari me fait, tous les jours, de tristes prophéties. Il connaît Paris, et il me dit que tu seras en butte à des tentations auxquelles tu ne résisteras pas, parce que tu n’as pas assez de piété. Il me raconte ce qu’il a éprouvé lui-même, et ce qu’il lui a fallu de courage pour sortir victorieux de tous ces combats (…). Prie, et tu ne te laisseras pas entraîner par le torrent. »
Et comment édifier notre citadelle intérieure ? Comment trouver en nous le cloître, ce refuge pour l’homme qui veut chercher Dieu ? Nous aussi devrions tous avoir une arcade de cloître dans notre cœur ; romane ou gothique, peu importe. Plongés dans le monde, notre bouée est cette chambre secrète, réclusion intérieure, où nous pouvons rencontrer Dieu dans le secret, seul avec le Seul, mais pourtant jamais moins seuls… que lorsque nous sommes seuls. Même marié, saint Louis Martin va régulièrement « faire retraite » dans cette petite cellule qu’il appelle « le Pavillon ». Là, dans le silence, il se renouvelle au contact de la divine présence.
Ecoutons encore Zélie qui s’adresse une nouvelle fois à son frère cadet : « Tu habites tout près de Notre-Dame des Victoires [sanctuaire parisien fondé par Louis XIII]. Eh bien ! Entres-y seulement une fois par jour pour dire un Ave Maria à la Sainte Vierge. Tu verras qu’elle te protègera d’une manière toute spéciale, et qu’elle te fera réussir en ce monde, pour te donner ensuite une éternité de bonheur. (…) J’ai reçu d’elle des faveurs que moi seule connais. »
Saint Louis et Zélie Martin, priez pour que nous gardions comme un trésor cette vie intérieure que nous portons en nous comme un vase d’argile, comme une flamme fragile. Qu’elle brûle toujours et nous façonne à l’image de Jésus et de Marie.